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Laurent G.

Sculptures

Lettres

Née d'un message adressé à une personne particulière, chaque Lettre porte sur un épisode ou une période partagés avec cette personne. Une Lettre est une installation formée d'un texte d'inspiration philosophique et d'une œuvre.

Trois Lettres ont été présentées en 2020, 2022 et 2025. Neuf sont à venir. 

Le projet achevé prendra tout son sens. Les douze Lettres formeront un ensemble adressé à tous. Pour revêtir ce caractère universel, chaque Lettre sera rebaptisée, le lien particulier s'estompera.

Lettre à M.  

Moi qui vous rappelle de si loin vos malheurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous doutez si votre nouvelle plaie se peut guérir : l'ancienne n'était pas moins grave, et je vous la montre cicatrisée. À d'autres les molles complaisances ; moi, j'ai résolu d'attaquer de front vos chagrins; vos yeux sont fatigués et bientôt épuisés par les larmes que fait couler l'habitude, excusez ma franchise, plutôt encore que le regret : j'arrêterai ces larmes, si vous voulez aider à votre guérison ; je les arrêterai, dussiez-vous la repousser, dussiez-vous retenir et embrasser une douleur que vous conservez comme vous tenant lieu de ce fils auquel vous l'avez fait survivre.

 

Car enfin, quel en serait le terme ? On a tout essayé, tout épuisé en vain, les représentations de vos amis, l'ascendant de votre famille que votre oreille ne sait plus entendre ; le temps lui-même, remède naturel et tombeau des plus grandes afflictions, est pour vous seule sans efficacité. Dans le cours de longues années, votre douleur n'a rien perdu de sa première véhémence ; elle se renouvelle et s'affermit chaque jour ; elle s'est fait un titre de sa durée ; elle est venue au point de croire qu'il y aurait honte à cesser. J'aurais donc souhaité pouvoir dès le principe venir à votre aide. Un moindre remède eût suffi pour dompter le mal naissant : invétéré maintenant, il veut des moyens plus énergiques. Et n'en est-il pas ainsi des plaies du corps qui se guérissent sans peine quand le sang a fraîchement coulé : on peut alors employer le feu, sonder bien avant ; elles souffrent le doigt qui les interroge ; mais une fois corrompues, envieillies, dégénérées en ulcères funestes, la cure devient plus difficile. Il n'est ménagements ni palliatifs qui puissent désormais réduire une douleur aussi envenimée que la vôtre : le fer doit la trancher.

 

Pour vous, je mettrai sous vos yeux deux notables exemples: une femme qui s'est livrée à tout l'entraînement de sa douleur ; une autre femme qui, frappée d'un semblable coup, mais d'une perte plus cruelle, ne laissa pas toutefois au malheur un long pouvoir sur son âme, et sut bien vite la rétablir dans son assiette. Je parle d'Octavie et de Livie, l'une soeur, l'autre épouse d'Auguste : toutes deux ont vu périr un fils à la fleur de l'âge, et en même temps l'espoir légitime qu'il régnerait un jour.

 

Octavie perdit Marcellus, gendre et neveu d'un prince qui déjà se reposait sur lui, qui partageait avec lui le fardeau de l'empire. Jeunesse, activité d'esprit, vigueur de talents, rehaussée par une tempérance, par une retenue de moeurs si rares et si admirables à un âge et dans un rang comme le sien. Tant que sa mère lui survécut, elle ne cessa de pleurer et de gémir ; elle ne souffrit aucune parole qui eût pour but de la soulager, ni rien qui pût seulement la distraire. Tout entière à son deuil, absorbée par cette unique pensée, elle fut tout le reste de sa vie ce qu'on l'avait vue au convoi de son fils ; non que le courage lui manquât pour sortir de son abattement, mais elle repoussait la main qui l'eût aidée : elle eût cru perdre une seconde fois son fils si elle eût renoncé à ses larmes. Entourée de ses autres enfants et de ses petits-fils, elle ne déposa plus l'habit de deuil, à la grande mortification de tous les siens, puisque, de leur vivant, elle semblait croire avoir tout perdu.

 

Livie s'était vu ravir son fils Drusus : c'eût été un grand prince, déjà c'était un grand capitaine. Frappé au sein de la conquête, ses ennemis mêmes le respectèrent malade, en concluant une trêve avec nous et en n'osant souhaiter un malheur pour eux si prospère. À la gloire de cette mort reçue pour la république s'étaient joints les regrets unanimes des citoyens, des provinces, de l'Italie entière. Sa mère n'avait pu goûter le douloureux plaisir de recevoir d'un fils l'adieu suprême et le dernier baiser. Et pourtant, Livie, dès qu'elle eut déposé Drusus dans la tombe, y enferma ses chagrins avec lui. Aussi ne cessa-t-elle de rappeler le nom de son fils, de se représenter partout son image en public, en particulier, de parler, et d'entendre avec charme parler de lui ; tandis qu'on ne pouvait faire revivre et rappeler le souvenir de Marcellus devant Octavie, sans lui rendre sa tristesse.

 

De ces deux exemples choisissez lequel vous paraît le plus louable.

Suivre le premier, ce serait vous retrancher du nombre des vivants, prendre en aversion les enfants d'autrui, les vôtres, celui même que vous pleurez, être pour les mères une rencontre de sinistre augure, rompre avec tout plaisir honnête et licite, haïr la lumière, maudire votre âge qui ne vous précipite pas assez vite au tombeau, enfin, par une faiblesse des plus indignes et qui répugne trop à vos sentiments plus noblement connus, ce serait faire voir que vous ne pouvez plus vivre, et que vous n'osez mourir.

Mais si vous prenez pour modèle la courageuse Livie, vous porterez dans le malheur plus d'égalité d'âme et de calme, vous ne vous consumerez pas de mille tourments. Car, au nom du ciel, quelle démence de se punir de ses misères, de les aggraver par un mal nouveau ! Cette sévérité de principes, cette réserve qui fut la règle de toute votre vie, vous y serez fidèle encore aujourd'hui ; car la douleur aussi a sa réserve. Vous assurerez à votre fils le bienheureux repos, si vous songez et répétez sans cesse combien il en est digne : vous le placerez dans une sphère meilleure, si son image, comme autrefois sa personne, se présente à sa mère sous les traits du bonheur et de la sérénité !

 

Je ne vous appelle pas à cette rigide école qui fait une loi de s'armer, dans des malheurs humains, d'une dureté inhumaine, qui veut qu'une mère ait les yeux secs le jour même des funérailles d'un fils.

Prenez-moi seulement pour arbitre avec vous. Examinons ensemble si vos regrets doivent être excessifs, s'ils doivent ne cesser jamais. Ici, je n'en doute pas, vous préférerez l'exemple de Livie.

 

Appuyée tout entière sur le point sensible de vos souffrances, et oubliant les douceurs qu'elles vous laissent, vous n'envisagez votre sort que par son côté le plus triste. Au lieu de vous retracer tout ce qu'était votre fils, la douceur de son commerce, le charme de sa présence, les délicieuses caresses de son enfance, l'éclat de ses premiers progrès, vous ne vous attachez qu'à la dernière scène de sa vie ; et, comme si en lui-même, le tableau n'était pas assez sombre, votre imagination s'épuise encore à le noircir.

L'absence, et à plus forte raison la mort de qui nous est cher, est nécessairement douloureuse et serre le coeur des plus résolus. Mais le préjugé entraîne au-delà de ce que nous impose la nature. L’homme seul aime à nourrir sa douleur, et s'afflige, non en raison de ce qu'il éprouve, mais selon qu'il a pris parti de s'affliger.

 

Tous nos proches, tant ceux que l'ordre de la nature nous fait souhaiter de laisser après nous, que ceux qui, dans leurs voeux légitimes, désirent nous précéder, doivent nous être chers à ce titre, que rien ne nous promet de les posséder toujours, ni même de les posséder longtemps.

Si vous pleurez la mort de votre fils, accusez donc l'instant de sa naissance : dès sa naissance, l'arrêt de mort lui fut signifié. C'est à ce prix qu'il vous fut donné ; c'est la loi qui, dès le sein maternel, n'a cessé de le suivre. Votre douleur, si toutefois la douleur raisonne, a-t-elle pour motif votre propre disgrâce, ou celle d'un fils qui n'est plus ? Etes-vous affligée de n'avoir pas du tout joui de son amour, ou de n'en avoir pas joui plus longtemps, aussi longtemps que vous l'auriez pu ? Dans le premier cas, votre perte est supportable : on regrette moins ce qui n'a donné ni joie ni plaisir. Mais si vous confessez lui avoir dû de grandes jouissances, ne vous plaignez pas qu'on vous les ait ravies ; soyez reconnaissante de les avoir goûtées. Les fruits même de son éducation ont assez dignement couronné vos efforts. Les gens qui nourrissent avec tant de soin des oiseaux, de jeunes chiens, ou tout autre animal dont s'engouent leurs frivoles esprits, ont un certain plaisir à les voir, à les toucher ; leurs muettes caresses les flattent ; à plus forte raison le dévouement d'une mère à élever ses enfants est-il sa première récompense.

Quand ses travaux ne vous auraient rien donné, son zèle rien conservé, ses talents rien acquis, l'avoir possédé, l'avoir aimé, n'est-ce rien pour vous ?

"Mais j'en pouvais jouir plus longtemps, plus pleinement !"

Toujours fûtes-vous mieux traitée que si vous ne l'eussiez jamais eu. Si l'on nous donnait le choix d'être heureux pour peu de temps, ou de ne pas l'être du tout, qui ne préférerait un bonheur passager, à la privation totale de bonheur ? Et vous ne pouvez pas même dire que ce soit par un triste privilège qu'ils vous ont enlevé cet objet de vos délices. Promenez vos regards sur la multitude des hommes illustres ou vulgaires ; partout s'offriront à vous des malheurs plus grands que le vôtre. La Fable même n'en a pas exempté ses divinités, afin sans doute que ce fût un allégement à nos douleurs, de voir jusqu'au sang des dieux sujet à la mort.

 

Non, vous ne pouvez trouver injuste que le plus fort fasse au plus faible part égale: le destin vous laisse deux filles, et de ces filles deux petits-fils ; et ce fils même, que vous pleurez maintenant jusqu'à ne plus songer au premier, elle ne vous l'a pas enlevé tout entier ; il vous reste de lui deux filles, souvenir accablant si vous faiblissez, grande consolation si vous reprenez courage. Grâce à ce même destin, en retrouvant en elles les traits de leur père, vous oubliez sa cruelle perte.

L'agriculteur, qui voit ses arbres abattus, déracinés par les vents, ou fracassés par le choc irrésistible d'un tourbillon subit, soigne précieusement les rejets qui survivent ; à la place du tronc qui n'est plus, il en répartit la semence et les plants nouveaux, et en un moment (car le temps, si prompt à détruire, ne l'est pas moins à édifier), ces jeunes sujets grandissent plus beaux que les premiers.

Remplacez Métilius par ses filles, et comblez ainsi le vide de votre maison ; que cette double consolation adoucisse le regret d'un seul.

 

Il est dans notre nature de ne trouver du charme qu'à ce que nous avons perdu, et le souvenir de ce qu'on n'a plus rend injuste pour ce qui reste. Mais calculez combien le sort vous a épargnée, même en vous maltraitant : vous verrez qu'il vous est laissé plus que des consolations.

La nature de même dit à tous : "Je ne veux tromper personne. Qui me demande une postérité pourra l'avoir belle, comme il pourra l'avoir difforme. Et s'il vous naît beaucoup de rejetons, il peut se trouver, dans le nombre, un sauveur de la patrie tout comme l'infâme qui la trahira. Il n'est pas impossible que vous receviez de lui les derniers devoirs et les éloges de la tombe ; soyez prêt pourtant à le placer vous-mêmes sur le bûcher ou dans son enfance, ou dans sa jeunesse, ou dans son âge mûr. Car que font ici les années ? Point de funérailles qui ne soient prématurées, dès qu'une mère y assiste. Mes conditions vous sont connues d'avance ; si vous devenez pères, vous m'absolvez de tout reproche : je ne vous ai rien garanti." C'est à vous à délibérer, à bien peser votre décision. Si l'entrée vous sourit, voyez quelle issue vous menace."

J'entends votre réponse : "Pourquoi ne choisirais-je pas de vivre ? Ah ! plutôt repoussez une existence où la moindre perte vous est si cruelle ; sinon, subissez les lois que vous êtes convenue de subir. - Mais nous n'avons pas été consultés. - Nos parents l'ont été pour nous : ils savaient à quelles conditions on reçoit la vie, et ils nous l'ont donnée.

 

Mais, venons aux motifs de consolation, et voyons quels maux il faut guérir, et par quels moyens.

Les larmes, les amers regrets tiennent à ce que celui qu'on aimait n'est plus : regrets, en apparence excusables. Mais les absents, ou ceux qui vont l'être, tant qu'ils vivent, nous ne les pleurons pas, bien que nous soyons entièrement privés de les voir ou de jouir de leur société.

Le mal gît donc dans l'opinion, et il ne vaut que ce que nous l'avons estimé.

Le remède est en notre puissance: regardons les morts comme absents, et ce ne sera pas une illusion : nous les avons laissés partir ; que dis-je ? nous allons les suivre, ils ont pris les devants. Hors de cette vie, assurez-vous-en bien, on n'éprouve plus de mal, et les effrayants récits qui se font des enfers sont de pures fables. Les morts n'ont à craindre ni ténébreuses prisons, ni lacs de feu, ni fleuve d'oubli ; et dans ce séjour d'indépendance, il n'y a ni tribunaux, ni accusés, ni nouveaux tyrans : ce sont là jeux de poètes, qui nous ont agités de vaines terreurs.

La mort est la délivrance, la fin de toutes nos douleurs, la limite où le malheur s'arrête ; elle nous replonge dans le tranquille repos où nous étions ensevelis avant de naître. Vous pleurez les morts, pleurez donc aussi ceux qui ne sont pas nés.

La mort n'est ni un bien ni un mal.

 

[D’après Sénèque – Consolations à Marcia]

Lettre à A.  

La marche est étroitement associée à la pensée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme nous en avons déjà parlé, pas mal de philosophes le pensent, en particulier Nietzsche. Pourquoi ce lien ? La marche est saine, alors elle favorise la réflexion ? 'mens sana in corpore sano’ ? A première vue ça apporte une explication. Mais ce dicton du lien entre corps et esprit sain n'étant ni un axiome, ni une loi de la science, il demanderait lui-même une analyse et une discussion préalable, pour qu'il constitue un élément d'explication concret. De toute manière on sent que le sujet dépasse le seul bienfait du sport. Personnellement, j'aurais envie de franchir un pas supplémentaire : la marche est associée au progrès mental, au développement intellectuel, bien plus que seulement à la pensée. Un livre dont le titre est 'Marcher avec les philosophes' me donnait la perspective de découvrir des réflexions voire des éléments de réponse à ce spectre de questions. Quand je marche accompagné, d'aucuns me disent que je ne m'arrête jamais pour observer ce qui pourtant est remarquable. En fait je pense percevoir beaucoup de choses et certaines attirent mon attention. Mais m'arrêter m'horripile. Pourtant c'est certain : que ce soit le long des sentiers dans la nature ou dans les vibrantes rues en ville, il y aurait une infinité de choses qui mériteraient d'être approfondies. Mais, disais-je, en marche je ne veux pas m'arrêter, tant pis si je passe à côté de beaucoup de choses.

 

Le livre que tu m'as offert, peut-être l'ai-je parcouru avec cette impatience du marcheur. En refusant de m'arrêter pour approfondir toutes ces pensées, en laissant juste mon esprit être captivé par ce qui l'intrigue, par ce qui l'inspire sur base de l'humeur du moment. Cette manière d'aborder un livre ne m'est pourtant pas habituelle : bien souvent j'ai la manie inverse, celle de ne pas vouloir avancer avant d'avoir tout compris. Est-ce donc le désir de voir mes questions enfin discutées qui m'a poussé à aller de l'avant ? Ou est-ce justement le sujet de la marche qui par une sorte d'aspiration conceptuelle m'a mis en mode de marche impatiente ? Peut-être. Mais il y a aussi un peu d'orgueil blessé, comme je vais l'expliquer en commençant par un petit détour.

 

Il y a quelques années, quand j'étais à Londres, j'ai lu un livre qui m'a beaucoup impressionné sur le moment et dont le message n'a cessé de m'accompagner depuis lors. Je n'y ai jamais vraiment pensé sous cet angle, mais peut-être si je devais citer un livre qui a marqué ma vie, peut-être est-ce celui-là. Je ne sais plus si c'est Sasha qui me l'a offert ou si c'est mon père. Je ne suis pas certain que ce que j'en ai retiré correspond vraiment au message de l'auteur. Sans doute en avons-nous déjà parlé. Peut-être même est-ce un classique que tout le monde connaît. Toujours est-il que je parle de 'To be or to have' d'un sociologue américain appelé Erich Fromm. Bon... peut-être est-ce un psychanalyste allemand ; peut-être son œuvre s'appelle-t-elle 'haben oder sein' . Cela n'a guère d'importance. Comme je risque de déformer quelque peu son message par la présente, autant laisser une ambiguïté sur son identité.

 

Dans son livre, l'auteur part d'une distinction et de considérations linguistiques sur base de nos deux auxiliaires : avoir et être. Ils sont, dit-il, présents dans beaucoup de langues, mais pas dans toutes. Je me souviens qu'il cite le Hongrois comme langue qui ne dispose que de l'auxiliaire 'être'. Ce point a bien entendu attiré mon attention à une époque où je n'avais encore aucune connaissance de la langue Hongroise. Depuis lors j'ai vu qu'en effet, il en était bien ainsi. Là où en Français on dit 'j'ai une voiture', en Hongrois on le formule ainsi 'Il est une voiture mienne'. Certes cela ne change pas grand-chose : l'idée de possession est bien présente dans les deux cas. Néanmoins l'auteur semblait dire que, peut-être sous l'influence de l'anglais, nous sommes linguistiquement de plus en plus dans un schéma de pensée de possession qui va au-delà de l’utilisation de l'auxiliaire 'have'. On formule les choses en orienté possession : on dit par exemple de plus en plus 'my doctor', 'mon médecin', comme si le docteur nous appartenait, alors qu'en fait il existe (il est) et est suffisamment bon de me soigner. On pourrait donc dire 'le médecin qui me soigne' ou d'autres formes plus élégantes.

 

Son train de pensées va dans le sens suivant : l'auxiliaire avoir devient de plus en plus dominant dans notre manière de parler. Or la langue forge notre esprit, notre caractère, notre éducation reçue et transmise. Le danger est là que nous devenions de plus en plus matérialistes, égocentrique, avide, possessif et capitaliste. Le dernier qualificatif je ne pense pas qu'il l'utilise : sans doute une de mes extrapolations personnelles.

 

Toujours est-il que j'ai été très captivé par cette distinction. J'ai pris l'habitude sans trop le vouloir d'observer beaucoup de choses sous cette lorgnette. Avec celle de gauche-droite finalement assez présente, avec être-avoir s'en est ajoutée une autre. Tout comme pour moi il est assez intuitif que 'gauche' est plutôt le bien et 'droite' plutôt le mal, la conviction s'est installée qu'il est mieux de regarder la vie sous la lorgnette de l'Être ou de l’Étant. L'approche Judéo-chrétienne est plus orientée Avoir ; l'approche bouddhiste plus Être. Profiter du moment, le 'carpe diem', est plus orienté Être, planifier son futur, en travaillant, en épargnant, en accumulant c'est plus orienté Avoir. Collectionner est Avoir, contempler est Être.

 

Tout cela... qu'est-ce à voir avec la marche, me diras-tu ? Rien en soi. Et pourtant...

Je me souviens d'une marche de 5 heures avec une amie. Cette marche ne t'est pas inconnue : tu en as fait la première partie, la plus difficile à Olten : celle qui monte vers cette ancienne ruine. Avec la personne en question nous avons été jusque Aarau, la capitale du canton à côté que tu connais aussi de notre marche longeant la Aare. Cette randonnée nous a menés à travers ces belles montagnes jurassiques durant un superbe fin d'après-midi automnal. Ce fut bien agréable. Je me souviens cependant d'une chose qui m'a irrité ponctuellement : mon amie a à plusieurs reprises senti le besoin de comparer ou au moins mentionner d'autres randonnées plus spectaculaires réalisées dans un monde plus lointain : en Amérique du Sud et ailleurs. Je me souviens avoir pensé qu'elle était une collectionneuse de 'wows', que tout ce qu'elle fait est une sorte d'acte d'acquisition, de collection. Il me semblait qu'elle vivait certes dans l'action, mais peu dans le moment, et projetait souvent ce qu'elle vivait dans des attentes, des classifications, des comparaisons et des degrés de 'exciting' et de 'wow'. Cela colle assez bien avec son caractère généreux, actif, créatif, mais aussi d'éternelle insatisfaite, qui se réjouit toujours de moments futurs potentiels, mais qui ne profite pas toujours du moment présent, du 'God of the small things'.

Bref, je pensais découvrir comme étant un peu trop dans le Avoir malgré toutes ses qualités. Contrairement, tu le devineras, à moi qui au moins essaie de vivre selon l' Être et qui n'a pas peur de se contenter de ces modestes promenades jurassiennes, refaites pour la x-ème fois : heureux de voir et revoir un même paysage en y trouvant toujours de nouveaux aspects, de nouvelles perspectives.

 

Tout ça pour te dire que pour moi l’idée de la marche et sa pratique étaient fortement associés au 'to be'. Pensais-je donc jusqu'au jour, où mon ami Laurent m'a invité à lire un livre 'Marcher avec les philosophes'. En lisant les premières contributions, je me suis senti très mal à l'aise sans en identifier la raison. D'une manière générale tout ce qui y était reporté me paraissait loin de ce que je ressentais. Progressivement une phrase assez crue m'est venue en tête : ces gens-là me foutent des complexes, ils vont me gâcher le goût de la marche. Tout ce qu'ils invoquaient comme ressenti lors de la marche ou comme motivation paraissait tellement élevé, tellement naturaliste, tellement, tellement... tellement dans le 'to be'. Il y est question de marcher pour marcher, de fortes fusions avec l'environnement, de se sentir petit... Donc pour en revenir à la classification : ils sont dans l'être marchant.

 

En réfléchissant à mes motivations personnelles celles qui m'incitent à marcher autant et surtout aussi régulièrement, ce qui me venait en tête sont les raisons suivantes : je marcher pour pouvoir manger après : donc pour avoir de l'appétit et de la bonne conscience. Je marche pour tenter d'avoir une bonne santé et donc d'avoir une vie éternelle ou plus modestement garder une certaine jeunesse. Ça fait déjà beaucoup de choses que la marche me permet d'avoir ; je marche pour me dépolluer l'esprit, pour avoir les idées claires. Et surtout jamais au grand jamais, je ne perds des yeux le retour vers mes quatre murs, mon cocon. Je marche pour pouvoir mieux apprécier après le fait de ne plus marcher. Maintenant depuis que j'ai l'app sur le smartphone, je marche aussi pour accumuler des pas sur le compteur. Tout cela me parait être profondément dans le 'to have' et donc mes motivations initiales pour le moins m'ont déçu.

 

Quant à ce que je ressens lors de la marche... Je ne me sens pas du tout petit en marchant. Au contraire : la marche me donne des impressions mégalomanes : les distances s'évaporent : cette basilique perchée au loin que je n'aurais jamais envisagé d'atteindre sans voiture, me parait désormais à ma portée. Quant au monde des idées, la marche en étend mes horizons.

 

Donc voilà Je me trouvais bien décevant et petit face à la marche des philosophes, du moins ceux du livre. Quand je parlais d'orgueil blessé... La philosophie souvent me donne des satisfactions et de la résonance. On y lit idéalement quelque chose qui nous parle, mais présenté sous un angle nouveau et de cette rencontre entre un élément connu et une ouverture naît une impression de mouvement ascendant, d'évolution, de progrès personnel. Ici j'ai senti une régression, car ma relation à la marche me paraissait désormais bien triviale.

 

Bien entendu cela ne peut être la fin de l'histoire. Ces textes, ma vie de marcheur vus sous cette lorgnette Être-Avoir ont généré une introspection et une meilleure connaissance de moi-même qui forcément est aussi ascendante. Toujours est-il que ma marche à travers le début du livre fut marquée de cette humeur ronchonne et sans doute d'une approche biaisée par mes propres obsessions. Vers la fin du livre je suis tombé sur la contribution de Michel Malherbe qui s'est avérée comme le lieu, le point de départ d'un train de pensées éclairantes. Ça m'a remis sur rail en laissant cette obsessive distinction entre Être et Avoir, en abordant la suite de la lecture de ce livre sous un autre angle. L'esprit a ses questions, ses attentes, ses obsessions qu'il projette dans la lecture et parfois ce faisant, il passe à côté du message principal. Pourquoi se met-on en marche est une chose... Pourquoi la marche est-elle bénéfique est autre chose... Que se passe-t-il avec notre corps, notre esprit lors de la marche en est encore une autre.

 

Michel Malherbe parle de la marche comme une succession d'équilibres et de déséquilibres qui font du bien à notre âme. Comme on le voit d'ailleurs bien sur les photos du marcheur de profil, chaque pas nous rend déséquilibré pendant une fraction de seconde, pour nous ramener vite à un équilibre, éphémère car il sera remis en question immédiatement. Cette alternance constitue à la fois une éternelle remise en question, mais avec une quasi-certitude de retour à une certaine stabilité durant le pas suivant et le tout dans un contexte de progression vers un but, vers une destination. Michel Malherbe mentionne aussi la marche comme un trait d'union entre le sol et l'horizon : nous sommes toujours un pied au sol avec les yeux à l'horizon.

 

Se mettre debout dans son salon sur un seul pied, le poser, lever l'autre pied et ainsi de suite constitue aussi une succession d'équilibres et de déséquilibres : à la longue sans doute aussi un excellent exercice ; mais il manque la notion d'avancée à la fois entraînante et inéluctable vers une destination. En marche, je regarde devant moi et à coup de petites oscillations autour de mon point d'équilibre j'avance comme aspiré par la destination. Le processus n'est pas sans effort, mais la plupart du temps cet effort reste modéré et apaisant : il demande assez peu d'attention ou de concentration. Le corps peut se mettre en autopilote et ainsi libérer l'esprit de certaines tâches : ce dernier a l'occasion de vagabonder et sans doute boosté par cet excès d'oxygène dans le sang, il cherche ses propres horizons avec une audace qui lui fait défaut à d'autres moments : plus d'audace et moins de contraintes.

 

Cette idée d'oscillations bienfaisantes autour de points d'équilibre m'a interpellé et séduit. J'avais envie d'y chercher des parallélismes, des analogies. Déjà ce que je disais plus haut : je marche pour ne plus marcher après, pour pouvoir manger après avec plaisir certes, mais aussi sereinement, sans mauvaise conscience. J'aime traîner dans mon lit, mais quelle stagnation stérile cet état serait, s'il n'était pas interrompu par ce déséquilibre temporaire qu'est une marche modérément longue. Continuellement tout au long de la vie à alterner oisiveté et effort en regardant vers le futur donne aussi du plaisir, du sens, de la stabilité à la vie.

 

La pensée aussi fonctionne autour de ses points de stabilité, ses points d'ancrage. Et elle est en mouvement et donc forcément elle connaît des moments de déstabilisation pour évoluer. Ces moments déstabilisants doivent aussi être temporaires, sinon on connaîtrait une perpétuelle tempête mentale. Mais l'analogie ne va pas plus loin. J'y cherchais une réponse à ma question première : pourquoi la pensée était aussi féconde lors de la marche : une sorte de résonance entre corps et esprit. Cette succession d'équilibres et de déséquilibres physiques vers une destination stimulerait elle une succession similaire à un niveau mental ? Mais non, ce n'est pas ça qui se passe, du moins pas chez moi. Une telle analogie satisfait mon sens de l'esthétique, mon goût de la symétrie, mais elle ne correspond pas à la réalité.

 

Pour en revenir à ce que je disais plus haut, la marche combine de multiples finalités initiales : toutes ces basses raisons qui me motivent à me lancer. Et comme je le mentionnais aussi : une partie de mon conscient garde continuellement une vue sur l'après marche que je sais, en bon collectionneur de pas, déjà être l'avant marche de demain. Mais tout de même, il arrive souvent un moment où bercé par ces pas rythmiques, protégé de toute intrusion externe et inspiré par ces vues multiples, par ces horizons lointains, l'esprit se tranquillise et se dégage. Il garde ses points d'ancrage, il ne part pas de rien. En général il oscille initialement autour de points de réflexions ou de préoccupations issus de mon actualité personnelle ou de celle de mon monde. Mais il se libère de ses contraintes habituelles et le train de pensées qui en résulte perd la notion de finalité. Là je rejoins aussi un point de Michel Malherbe : le marcheur a un but, mais finit par l'oublier. De mon côté je n'irais pas jusque-là : l'oubli est partiel. De toute manière je perçois l'ensemble qu'incarnent l'esprit, le conscient et notre sensibilité comme compartimenté et hétérogène : des pensées et impressions de natures différentes coexistent. Mais lors de ces moments de la marche, une partie de cet ensemble se détache du corps, de son environnement, de ses contraintes et génère un processus de pensées créatif et fécond. Dans une certaine mesure cela ressemble au rêve, en un peu plus ancré. Alors des idées intéressantes viennent ; des solutions vainement recherchées au préalable s'imposent subitement. De par cette excursion mentale, la pression pénible de certaines autres pensées enfouies dans d'autres compartiments de l'âme se relâche et celle-ci préalablement meurtrie reprend vigueur. Ce qui par une sorte de cercle vertueux améliore encore le degré de liberté, la qualité et la pureté de la pensée principale et donc à nouveau encore plus le bien-être de l'âme.

 

Entre-temps le corps entame une montée éprouvante ; il se démène et souffre même un peu, mais l'esprit ne s'en occupe pas : il est ailleurs. Lorsqu'il reconnecte, parfois la montée est terminée depuis 10 minutes et l'esprit se souvient vaguement d'avoir acté le début de la difficulté, mais pas de l'appréhension habituelle préalable ; il ne se rappelle d'aucune impatience face aux souffrances du corps et d'aucun soulagement au sommet.

 

Ce phénomène ne se réalise pas lors de chaque marche bien entendu, mais plus souvent qu'on ne le croit et surtout j'ai l'impression qu'il pourrait être induit quasiment sur commande la plupart du temps. Je parlais de l'analogie avec le rêve. Souvent quand j'entends des gens parler de la méditation, de ses méthodes, de ses bienfaits, je me dis que c'est lors de ces marches que je m'approche le plus de ces états. Bien-sûr l'état Zen, si j'ai bien compris est un état où justement on ne pense plus, du moins pas activement. Dans le cas de la marche, ce n'est pas ça : la pensée est très active. Mais il y a ce détachement du corps que peut-être les deux activités ont en commun. Il existe ce concept de Mindfullness, de pleine conscience en français qui est apparenté, je crois à tout cela. Par analogie, je vais dire que la marche me permet donc parfois d'atteindre la Pleine Pensée induite par ces oscillations malherbiennes.

 

Et me revoici de nouveau avec ma lorgnette de l'Être-Avoir, mais dans un mode de réconciliation avec moi-même. Cette Pleine Pensée atteinte pendant la marche me permet de rejoindre l'Être. Dans ces moments en marche que je décris plus haut, je suis pleinement dans le moment, dans l'étant, loin de ces finalités triviales qui ont stimulé la mise en marche. Avoir et Être est une dualité qui m'inspire dans la vie de tous les jours. Mais en fait ils sont indissociables : c'est probablement idiot de les opposer. Ils collaborent au sein d'un autre cercle vertueux de la vie. Certes ce sont les aspects de l'Avoir qui constituent la carotte apparente, la bougie d'allumage qui me fait marcher. Indirectement donc ce sont eux aussi qui m'aident à penser pleinement : ce qui constitue ma manière personnelle de me rapprocher des aspects de l'Être ou de l’Étant. Et ce sont ces derniers qui à leur tour donnent du sens à l'ensemble, à la prochaine petite marche, ainsi qu'à la marche à travers la vie ; et qui procurent une légitimité aux petits plaisirs de l'Avoir.

 

Et voilà donc ma marche, mon premier parcours à travers ce livre et ce projet ont commencé par un peu de contrariété, de déception, d'orgueil blessé. Temporairement j'ai pris ces auteurs en grippe, avant de trébucher sur un Malherbe. Ses paroles m'ont captivé suffisamment pour laisser partir un train de pensées via lequel j'ai pu explorer de ces questions qui m'intéressent. Ai-je enfin compris la raison du 'toute bonne idée naît lors d'une marche' ? Certes non : je n'ai fait qu’effleurer le sujet. Mais j'ai pu approcher la question sous un angle qui m'était inconnu. Par contre en ce qui concerne mon impatience du marcheur, je dispose désormais d'éléments d'explication. Lorsque je commence une marche je suis en mode Avoir et je veux donc accumuler mes pas pour pouvoir rejoindre au plus vite mon logis, pour manger, pour profiter des plaisir de la vie avec la légitimité du devoir accompli. D'un autre coté pour pouvoir atteindre ce mode Étant, cette Pleine Pensée décrite plus haut, il me faut cette succession malherbienne de pas, de déséquilibres et d'équilibres, et les yeux à l'horizon pour laisser l'esprit décoller. Tout arrêt irait à l'encontre de tout ça. Tout ce que je recherche à travers la marche est indissociable de cette impatience, n'est pas compatible avec des arrêts : ma façon d'approfondir est par revisites, par marches successives, par couches, par recoupements.

 

En parlant de recoupements d'une part et pour en revenir à ce lien entre marche et pensée, entre corps et esprit, il me vient en tête un phénomène que j'ai remarqué souvent lors de mes marches en ville : en particulier les marches dans des villes qui ne sont pas les miennes, celles que je découvre, comme par exemple pour l'instant Séville. Le centre historique de cette ville est un bon exemple pour illustrer ce que je souhaite mentionner ici, vu que pareil aux dédales de la pensée, il s'agit d'un vrai labyrinthe sans structure géométrique. Je m'efforce toujours de parcourir et reparcourir successivement un quartier à la fois jusqu'à ce que j'en comprenne la structure, jusqu'à ce que j'en connaisse chacune des rues ou en tout cas que je puisse vite me réorienter si je me perds temporairement dans des ruelles encore inconnues. Progressivement, au fil des jours, j'étends mon champ d'action à d'autres quartiers voisins encore mal connus. Il m'arrive alors de m'aventurer spontanément dans une rue obscure, tâtonnant ainsi dans mon exploration, pour déboucher subitement sur une place du quartier des jours précédents que je reconnais. Une lumière se fait alors dans le cerveau, une meilleure compréhension globale de la structure de la ville, un pont est réalisé entre deux sous parties de connaissance. Pareil à un puzzle dont deux blocs déjà avancés se retrouvent subitement reliés par une seule pièce, l'esprit fait ainsi un bond vers une vision plus avancée, une image plus globale. Lorsque que dans mes marches je relie ainsi deux quartiers préalablement connus, je ressens un plaisir physique, une poussée d'endorphine. Cette rue parcourue, cette pièce du puzzle qui relie deux blocs avancés, cette connexion neuronale qui se réalise dans le cerveau constituent à mes yeux en bel exemple d'harmonie parallèle mais court-circuitée entre corps et esprit : les jambes et le cerveau travaillent ensemble pour connaître la ville et de temps en temps le cerveau est comblé et déclenche une poussée euphorisante d'endorphine qui récompense le corps.

Après avoir fait décoller l'esprit du corps en considérant cette Pleine Pensée qui s'avère occasionnellement si féconde, en voilà un peu l’anti-pôle : une marche où esprit et corps, effort physique et progression mentale, avancent main dans la main d'une manière plus terre à terre : après la déconnexion, voici un exemple de symbiose entre corps et esprit. J'avais aussi envie de mentionner cet aspect pour terminer parce que cette marche à travers ce livre, ce projet, la rédaction de ce texte m'ont aussi procuré ce genre de plaisir. La lecture m'a dans un premier temps déçu, vu que les sujets abordés n'étaient pas initialement ceux qui m'intéressaient. Mais le processus global, s'il ne m'a pas apporté de grandes réponses révolutionnaires, aura, via bon nombre de détours, de chemins de traverse, généré d'intéressants recoupements et une meilleure compréhension de certaines relations entre la marche et moi.

 

A force de refaire certaines marches des dizaines voire des centaines de fois, je connais cette impression, ce plaisir de toujours découvrir des nouvelles choses ou de remarquer de nouvelles perspectives en revisitant toujours les mêmes sentiers selon mon mode de marche personnel. Peut-être en serait-t-il de même avec ce livre. Il contient maintes richesses qui auront échappé à l'esprit errant du marcheur impatient. Sans doute une seconde lecture, une troisième lecture à des moments différents, des humeurs autres, apporteraient de nouvelles lumières, de nouvelles perspectives.

 

Alexander K.

Favoriser les échanges et la découverte de l'autre

Ma démarche créative emprunte un chemin humaniste.

Mes sculptures en sont des jalons.

Leur fragilité invite à se libérer l'esprit.

Leur sens, à le rendre réceptif à l'autre.